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Terme Définition
Prédire

Prédire, c’est à voir !

Dire, dire avant, prédire, renvoie à la racine indo-européenne « deik, dik – montrer » : dire, - par le latin dicere, c’est montrer, faire connaître par la parole ou l’écrit. C’est le passage de ce qui est vu car montré, imposant l’usage d’un sens – la vision –, à la compréhension de ce qui est à montrer en passant par le verbe, le langage parlé puis écrit. Le dire procède donc de la langue, cet outil de l’homme qui peut alors communiquer par concepts. Ce dire, son outil, cette langue colligée dans un dictionnaire, s’exprime parfois par dictons ; il permet de porter la contradiction plus ou moins crédible selon la qualité de la diction du locuteur, l’interdiction limitant le débat.

On peut maudire, portant la malédiction, ou au contraire bénir en disant tout le bien que l’on pense, donnant ainsi sa bénédiction : c’est benoîtement que l’on acceptera celle-ci sans forcément être totalement benêt !

Si le dictateur saura, ès qualités dicter ses ordres, il peut être contraint à abdiquer, repoussé (« ab ») par la parole populaire, la vox populi, lui indiquant les conditions de son départ, sa mise à l’index étant un indice fort de son impopularité.

L’index le bien nommé, le doigt qui montre en disant, qui indique donc, deviendra un outil précieux de classement du verbe dit enfin couché par écrit, ainsi indexé. On montrera tout l’intérêt que l’on porte à un évènement en lui dédiant un jour de fête par exemple et l’écrivain dédicacera son livre par une formule dédiée ! La parole est alors bien dite ! Mais comment dire avant que le temps ne permette de dire le réel ?

Comment prédire ?

« Il arrive toutes sortes d’événements dans ce monde ; de là des rencontres qui ébranleront le plus ferme jugement. Vous riez d’une prédiction sinistre et invraisemblable ; vous rirez moins si cette prédiction s’accomplit en partie ; le plus courageux des hommes attendra alors la suite (...) » ALAIN, Propos, 14 avr. 1908, Prédictions. C’est que la prophétie (Prophète/Προητηξ– celui qui parle/η pour/Προun dieu/τηζ) prétend intrinsèquement à la prédiction. La prédiction serait ainsi l’expression « laïcisée » de la prophétie

Cela se retrouve même en économie politique : « On peut dire de Marx que la plupart de ses prédictions se sont heurtées aux faits dans le même temps où sa prophétie a été l’objet d’une foi accrue. La raison en est simple : les prédictions étaient à court terme et ont pu être contrôlées (...) Quand les prédictions s’effondraient, la prophétie restait le seul espoir. » Camus Albert, l’Homme révolté.

Depuis le xviii e siècle, éclairé par son siècle de lumière, Buffon (1778) remarque que « l’action de prévoir (une chose) par l’observation et le raisonnement est sorti d’usage au bénéfice de prévision » ; ce naturaliste fin observateur de la nature, s’est bien gardé d’évoquer l’action de prédire. La science ne peut donc prétendre à la prédiction, ce qui serait donner des mots à l’histoire avant qu’elle ne soit ; elle a prétention à la prévision avec les outils qu’elle se donne par la pensée et le raisonnement logique. L’homme en tant qu’individu, scientifique ou pas, peut accepter dans sa vie de croire en une prédiction, ce sera son choix.

Ainsi la nécessaire précision de la langue devrait nous conduire à remplacer le terme de Pneumologie et plus généralement Médecine prédictive par Pneumologie ou Médecine prévisionnelle… Les mesures de prévention en seront ainsi théoriquement plus sûres la Médecine étant ainsi fondée sur la rationalité de la pensée logique ! Allusion à une imprévoyance d’experts dits prévisionnistes mais sans doute seulement prédictifs utilisant pourtant des modèles à prétention scientifique, la mathématique financière à l’origine d’un effondrement boursier mondial du début du xxi e siècle.

Auteur : B. Pigearias Cabinet médical, 3 rue Cronstadt, 06000 Nice.
Clics - 1293
Prononciation - pré-di-r'
Prévoir

Prévoir, quelle belle idée, c’est tout dire !

La racine indo-européenne « weid, woid, wid » si apparente dans « voir » exprime bien la notion de voir : C’est cette même racine qui en grec a donné (w)- Idea (:delta;⍺), exprimant la notion d’une forme justement visible, l’aspect extérieur, l’apparence d’un objet du réel : de la forme physique, la langue évolua en y intégrant la forme distinguant l’individu, au-delà de sa plastique, son caractère, la plastique de son esprit. Platon l’utilisa pour exprimer les objets de la création de l’esprit humain, ces formes alors abstraites, relevant de la seule intelligence, ces formes justement … idéales concevables par la seule pensée – et l’on est alors en face d’un pléonasme, d’une répétition, l’idée étant étymologiquement forme parce que visible !

L’idée, l’expression de la pensée, est donc bien la vision par la pensée, un concept créé par le cerveau humain qui n’a pas besoin d’une existence physique pour être vu, imaginé, transmis par l’homme : cette transmission passe pourtant par une obligation physique, le verbe, le mot. Pour être transmissible, l’idée doit se faire verbe, ce code inventé par l’homme qui fait de lui un animal ne communiquant pas seulement par ses sens, en particulier la vision.

La prévision impliquerait donc la pensée, sa structuration conceptualisée et exprimée par le verbe… La pensée serait bien le sixième sens de l’homme ! C’est par l’usage de cette pensée, l’organisation logique de ses pensées que l’homme va agir.

Si, l’animal répond simplement à un réflexe physiologique, tels les vols désordonnés d’oiseaux au moment des orages perçus comme dangereux, l’homme, cet animal doué de pensée apporte une réponse coordonnée, organisée à une alerte rouge donnée par les services de météorologie : la pensée (– humaine – redondance ?) a coordonné les idées et conceptualisé la réponse. « Et là, dans ce lieu véritablement sublime il examinait le vol des oiseaux qui passaient sur la mer, écoutant le vent, regardant le ciel, à la façon des anciens augures, non comme un présage de l’avenir, mais plutôt, à ce que j’ai compris, comme un ressouvenir du passé (...) » Proust, Jean Santeuil, Pl., p. 186.

Et l’homme vit qu’il voyait, avant de penser à prévoir… Et ce qu’il voit – le videre latin – est bien le monde qui lui est extérieur, ce qu’il voit hors de lui, au-dehors, au loin … c’est bien « l’ex-videre », l’évidence du monde qui lui est proposé à la vue, perception immédiate reçue par un sens, sans intervention de sa pensée, ce qui est bien … évident ! S’il porte un regard négatif, un regard hostile – l’invidere latin -, ce sera un sentiment de haine, de jalousie qu’il exprimera ainsi… à l’envie, cette vision étant toute dirigée au-dedans, vers soi : de la jalousie au désir, ce sera une nuance du regard !

La prévision implique l’action : « Dès que j’ai su l’affront, j’ai prévu la vengeance » Corneille, Cid, II, 8, Quoique… « Je hais ces cœurs pusillanimes qui, pour trop prévoir les suites des choses, n’osent rien entreprendre » Molière, Scapin, II, 1

Et, gouverner, c’est prévoir… non prédire : « Ce n’est pas assez au prince de voir, il faut qu’il prévoie » Bossuet Politique, V, I, 17 Mais si prévoir permet de pourvoir, « Les femmes ne sont jamais embarrassées d’elles ; Dieu y pourvoit » Voltaire, Candide, 14, Et quand Dieu y pourvoit, c’est une question de providence, cette capacité de voir en avance étant bien en adéquation avec les attributs du divin. L’homme « … pourvoit au présent en ce qui dépend de lui, et laisse le soin de l’avenir à la Providence » Rousseau J.J. 2e Dial devenue ainsi l’autre expression du divin.

De cette providence, nous avons, au moins au plan lexical acquis la prudence, sinon la sagesse, la précaution. Pour le prévenu, le dernier pourvoi sera en cassation, son avocat se transformant en véritable pourvoyeur sur le fonds du procès !

Pourvoir en provisionnant, en approvisionnant impose une grande qualité de prévision, de vision d’un à-venir ; le tiers de la dette fiscale imposée étant provisionnel, notre budget, lui est prévisionnel, afin de provisionner nos comptes qui ne sauraient rester sans provision !

Il faut donc des professionnels de la vision de l’avenir pour cela, des proviseurs bien sûr, métier qui ne saurait – par définition – s’improviser au risque de révisions déchirantes !

Rappelons que le plus célèbre d’entre eux fut Richelieu, proviseur d’un important collège, celui de Sorbonne avant de recevoir de Louis XIII en 1629 les … provisions de premier ministre, cette lettre de nomination lui conférant les revenus de sa nouvelle charge. Il faut donc de la prévoyance pour cela, et non de la voyance car si le voyant a la prétention de prédire, la prévoyance implique la prévision : c’est que l’usage du verbe employé par le voyant n’est pas passé par la rigueur du raisonnement permettant la prévision. La pensée logique, le raisonnement n’est pas l’apanage du voyant, elle devrait être celui du prévoyant, en matière de finance boursière aussi !

Auteur : B. Pigearias Cabinet médical, 3 rue Cronstadt, 06000 Nice.
Clics - 1279
Prononciation - pré-voir
Québec
Clics - 1728
Prononciation - ke.bɛk

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