Souffle

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Glossaires

Terme Définition
Souffle
  • Agitation de l'air causée par le vent. Il ne fait pas un souffle de vent.
  • Vent que l'on fait en poussant de l'air par la bouche.
  • Air exhalé par la respiration.
  • La simple respiration. Retenir son souffle. Reprendre son souffle.
  • Terme de médecine. Bruits de souffle, bruits anomaux qui se produisent dans les cavités du coeur, dans les artères et parfois dans les veines, aussi le souffle tubaire entendu dans la pneumonie.
  • Inspiration, influence, en bonne ou en mauvaise part.

Source : http://www.littre.org/definition/souffle

Balade sémantique aux sources de l'esprit et à travers les souffles

«Qu'est ce souffle? une note, un mot,- un soupir, rien. Ce rien suffit.

Qui n'a senti en ce monde la puissance de ceci : un rien »

Victor HUGO, L'Archipel de la Manche


Pneuma (pneuma), ce mot grec exprimant l'esprit peut être saint dans la Bible, voire mauvais dans la vie, est issu de la racine pnein (pnein) signifiant souffler, exhaler, respirer. Esprit et souffle sont ainsi deux expressions différentes de même origine : les généticiens diraient qu'ils sont deux phénotypes, expression d'un même génotype!

Car si l'esprit est l'expression créatrice de la vie, humaine en particulier, il n'est de vie sans souffle ... Cette symbolique se retrouve dans tous les textes fondateurs, par exemple dans la Genèse exprimée dans la Bible où le souffle envoyé par Dieu créa la vie :

« Le Seigneur Dieu forma donc l'homme du limon de la terre : il répandit sur son visage un souffle de vie, et l'homme devint vivant et animé. »  Bible (Sacy), Genèse.

Et l'Esprit souffle où il veut :

«L'amour, qui est chose divine, ne se commande, ni ne s'extorque. Il souffle où il veut.» Gautier TH., Le Capitaine Fracasse.
«C'est ce souffle divin qui fait tout l'homme: aimer en apprend plus sur les mystères de l'âme que la métaphysique la plus subtile. » Madame de Staël., De l'Allemagne.

Il donne de l'âme à la matière, il l'anime donc :

«Dieu d'un souffle brûlant avait formé mon âme : Tout ce qu'elle approchait s'embrasait de sa flamme.,, Lamartine A. de, Le Poète mourant.

Le souffle est la flamme, mais il peut aussi l'éteindre ...

«Dieu nous prête un moment les prés et les fontaines. [ ... ]

Puis il nous les retire. il souffle notre flamme. » Hugo V., Les Rayons et les Ombres.

La racine sanscrite procède de la même idée: spartar - souffle - dérive de sparitar - cause active - agent de douleur ou de malheur, procédant de la notion générale de« mouvement», Celle-ci se retrouve dans le mot grec spairô, aspairô, «je tremble, je palpite, je m'agite, je me débats »: le mouvement est bien l'expression immédiate du vivant Ce monde animé est ainsi doué d'émotions, étymologiquement capable de mise en mouvement !

Cette symbolique entre le souffle et l'animation de la matière est très largement mise en exergue en pneumologie: « Le souffle, c'est la vie 1 »

Comment passer du souffle à la vie, sinon dès notre cri primai, au moment de l'ouverture première des alvéoles: ce premier souffle, douloureux, traumatique est le début de la vie aérienne, par l'autonomisation de notre propre respiration. Certes, la vie a commencé avant, mais notre autonomie vitale s'installe avec l'autonomie du souffle.

«Les Grecs distinguaient trois sortes d'âmes: psukhê, qui signifiait l'âme sensitive, l'âme des sens [... ]; pneuma, le souffle qui donnait la vie et le mouvement à toute la machine, et que nous avons traduit par Spiritus, esprit, mot vague auquel on a donné mille acceptions différentes; et enfin nous, l'intelligence. Voltaire, Questions sur /'Encyclopédie, âme.

C'est bien l'intelligence de l'être qui lui donne de l'esprit, et donc réciproquement!

La racine latine, spirare - souffler - a donné certes respirer, respiration, mais surtout, esprit en premier sens; il existe toujours cette filiation entre le souffle et l'esprit

Les expressions reprenant au figuré le sens de ces racines sont légion ; il faut être« bien inspiré » pour faire un mot d'esprit, sans pour autant, par « mauvais esprit », avoir l'esprit malin, afin de reprendre ses esprits pour ne point les perdre; et ce n'est pas une vue de l'esprit qu'au final, l'on rend enfin l'esprit Mais un esprit fort n'est pas toujours frappeur, même sans esprit de contradiction, tout en gardant un esprit de famille, sinon de chapelle.

Nos chimistes utilisent ce mot pour exprimer la quintessence de leurs réactions chimiques, cette émanation qu'ils ont créée(!) par distillation, par sublimation, terme remarquable exprimant bien ce qui s'élève, l'esprit: ce seront l'esprit-de-sel (acide+ base= sel+ eau, l'esprit qui s'évapore), l'esprit blanc plus connu en français (?) sous le nom de White-spirit', résultat de la distillation de la résine du pin 1 !:esprit-de-vin, l'alcool (littéralement ce qui émane de la poudre d'antimoine), al khôl, ce même khôl qui souligne certains regards pour les sublimer. Parfois les spiritueux donnent de l'esprit aux nôtres ... Et par un retour étymologique remarquable, ces esprits de vin deviennent eaux ... de vie, voire aquavit, whisky, selon la langue norvégienne ou celte. Le souffle est bien la vie sous toutes les latitudes.

Mais d'où vient ce souffle, ce mouvement d'air qui fait la respiration? Flore, dans le sens littéral latin si l'on précise son sens, sera enfler (in-flore) lorsque l'air va de l'extérieur vers l'intérieur, et, si l'ensemble (con= avec, ensemble) grandit en volume, l'on gonflera, et, si l'on précise l'importance de ce mouvement, son sens également avec sub = dessous, un peu, le mot souffle sera créé. ëusage consacrera à la seule expiration le souffle de l'être vivant: le souffle est expiration, il est le produit du vivant, il est son rejet, alors que la respiration qui fait la vie, la maintient, sera inspiration et expiration, symbole binaire du cycle du vivant. Ainsi, l'on gardera son souffle jusqu'à son dernier, celui qui sera son dernier soupir (sub-spirare, souffler d'en bas et donc profondément); et, alors que l'on expire, souffle et esprit seront unis dans leur disparition. Un premier soupir, celui du soupirant, sera plus joyeux, témoin du début d'un échange des souffles :

«Un mot (classique) vient du corps, qui dit l'émotion d'absence: soupirer: "soupirer après la présence corporelle": les deux moitiés de l'androgyne soupirent l'une après l'autre, comme si chaque souffle, Incomplet, voulait se mêler à l'autre[ ... ].» Barthes R, Fragments d'un discours amoureux. ....

« Le souffle magnifié, regard culturel sur la respiration », chapitre XII, Orlando JP, Postel-Vinay N. Imothep(éd.) 2006, Paris

 

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Prononciation: sou-fl'

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